12/05/2021

Prise de parole du Président du SNSP au CNPS du 11 mai 2021

Le 11 mai 2021, la ministre de la Culture a reçu, avec la ministre du Travail, les organisations professionnelles en Conseil National des Professions du Spectacle.

Nous vous adressons la prise de parole de Frédéric Maurin, Président du SNSP.

Les deux ministres ont annoncé :

  • La prolongation de « l’année blanche » jusqu’au 31 décembre 2021 afin de maintenir le niveau d’indemnisation des intermittents le temps que l’ensemble des activités ait retrouvé un niveau normal ;
  • la mise en place de trois « filets de sécurité » pour les intermittents à compter du 1er janvier 2022, pour un an : extension de la période de recherche d’affiliation, clause de rattrapage et modalités aménagées de l’allocation de professionnalisation et de solidarité ;
  • l’abaissement temporaire pour les moins de 30 ans du seuil d’accès à l’intermittence à 338 heures pendant 6 mois à compter de septembre 2021.

Ces mesures doivent être confirmés par des textes. Elles doivent également être précisées et accompagnées par des protocoles mais elles restent soumises à l’évolution des données sanitaires.

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Madame La ministre de la Culture, Madame La ministre du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion,

Ce premier Conseil national des professions du spectacles plénier sous votre présidence est majeur au regard de la crise que traverse le monde de la culture. Nous saluons également la présence de la ministre du travail.

Nous nous réjouissons des annonces du gouvernement d’un plan progressif de réouverture des établissements culturels qui donne enfin les perspectives que nous appelions de nos vœux. Ce plan est exhaustif, cohérent et homogène, même si nous continuons à surveiller de près les indicateurs sanitaires.

Nous accueillons positivement l’annonce d’une prolongation de « l’année blanche » de 4 mois par la ministre de la Culture et la ministre du Travail, assortie de « filets de sécurité ».
Le SNSP se joint à la demande collective d’une clause de revoyure à l’automne afin d’expertiser, avec des données chiffrées, la portée de ces décisions.

Nous demandons aujourd’hui des protocoles sanitaires précis, clairs et déclinés selon les phases de réouvertures pour les salles ainsi que pour le plein air.

Nous avons aussi besoin de clarifier la question des pratiques amateurs, des actions d’éducation artistique et culturelle et des représentations scolaires dans les lieux culturels. Au regard de cette crise, nous nous interrogeons toujours sur la coopération de votre ministère avec le ministère de l’Éducation nationale qui sont, pour nous, les partenaires quotidiens de nos actions.

Si nous nous félicitons du dialogue instauré dans plusieurs régions, nous revendiquons, vous le savez, depuis longtemps avec nos collègues de l’USEP-SV, une structuration de ces échanges à travers le retour des Coreps.

A ce jour deux régions disposent d’un Coreps opérationnel (Occitanie et Nouvelle Aquitaine), deux Coreps sont en cours de préfiguration (ARA et SUD) et enfin deux Coreps sont annoncés en Ile-de-France et Pays de la Loire.
Pour les autres régions, aucune position ! A savoir : Bourgogne Franche Comté, Bretagne, Centre Val de Loire, Grand Est, Haut de France, et Normandie …

En effet, cette instance nous semble aujourd’hui la plus à même à prendre en compte et de manière cohérente la réalité des lieux culturels et des équipes artistiques au plus près des territoires.

Concernant les plans de relance, il nous semble que les DRAC n’ont pas les moyens humains et matériels de gérer les différentes mesures sereinement, équitablement et de façon transparente. Ne pourrions-nous pas imaginer le recrutement de chargés de mission « plan de relance » dans chaque DRAC à l’instar des chargés de mission « Pass culture ».
Enfin, quid de l’expertise partagée dans certaines DRAC entre les Collectivités territoriales, l’Etat et les professionnels ?

La réouverture des lieux, ne pourra se faire sans une forte implication des partenaires avec leurs spécificités : diagnostics sur les nouvelles pratiques culturelles, chantiers prioritaires, les droits culturels …

Le « contrat de cohésion des territoires » annoncé par le Gouvernement doit devenir une réalité !

Nous rappelons aussi que les scènes publiques qui constituent un puissant maillage culturel dans notre pays et qui participent fortement à l’écosystème du spectacle vivant, ne bénéficient toujours pas d’aides au titre du plan de relance, ni des mesures générales que sont l’activité partielle et les exonérations de cotisations, et selon le cas, de la compensation éventuelle de billetterie sur certains champs disciplinaires.

Il nous paraît d’autant plus impossible de cautionner une fusion de la politique publique territoriale par le CNM, alors que notre organisation n’a plus sa place dans la gouvernance et cela malgré notre contribution à hauteur de 25% à la taxe parafiscale.

Nous ne savons pas si vos annonces vont répondre aux préoccupations qui motivent les vastes mouvements de mobilisations et d’occupations des lieux, qui révèlent la souffrance du monde de la Culture. Mais c’est en responsabilité que le SNSP tient à rappeler sa solidarité avec les salariés intermittents dont les droits à l’assurance chômage doivent être garantis.

Le sauvetage du spectacle vivant, ne peut se passer d’un dialogue régulier et approfondi entre l’État, les collectivités et les syndicats d’employeurs et de salariés ainsi que de toutes autres organisations professionnelles réellement représentatives.