14/03/2019

Centre – Val de Loire : Manifeste pour les arts et la culture en Région – Tribune intersyndicale

L’intersyndicale des Employeurs du Spectacle Vivant Public de la Région Centre – Val de Loire (RCVL) regroupe 6 syndicats : PROFEDIM, SCC, SMA, SNSP, SYNAVI et SYNDEAC.
Acteurs du monde du spectacle vivant, l’intersyndicale interpelle et rencontre régulièrement les élus des collectivités afin de leur présenter les spécificités des métiers et artistes qu’ils accueillent et avec qui ils défendent une culture émancipatrice au service de l’intérêt général.

Ce 8 mars 2019, l’intersyndicale a adressé, avec le Syndicat d’artistes (Sud culture Solidaires Loiret) et les réseaux et fédérations régionales (Culture du Cœur 37, Culture du Cœur 45, la Fédération des Arts de la Rue en Région Centre-Val de Loire – FARRCE,  la Fédération des Ensembles Vocaux et Instrumentaux Spécialisés – FEVIS Centre, le Pôle Région Centre-Val de Loire Musiques Actuelles – FRACAMA), un courrier au Préfet de Région, aux Député.e.s, Sénateurs, Député.e.s Européens, Présidents et Présidentes du Conseil Régional, des Conseils Départementaux, Métropoles, Agglomérations et communautés de communes, élu.e.s du Conseil Régional, élu.e.s des Conseils départementaux, élu.e.s des conseils municipaux.

Ce courrier sous forme de pétition, peut être signé sur ICI (change.org) et est reproduit ci-dessous :

MANIFESTE POUR LES ARTS ET LA CULTURE EN REGION CENTRE – VAL DE LOIRE

Aux élus des collectivités de la région Centre-Val de Loire,

QUELLE EST LA PLACE AUJOURD’HUI DES ARTS ET DE LA CULTURE DANS VOS CHOIX POLITIQUES ?

« La société française fait face à de graves difficultés : accroissement des inégalités économiques et sociales, phénomènes massifs d’exclusion et de relégation sociale, intégrismes religieux, replis identitaires, remise en cause des principes de la laïcité.
(…)
Sans la transmission des savoirs et de la connaissance, sans la confrontation avec les œuvres de l’esprit, sans la mise en perspective des différentes identités culturelles, sans la possibilité pour chacun d’exercer une pratique artistique et d’avoir la vie culturelle de son choix, la démocratie s’expose aux dangers des forces régressives, qu’elles soient politiques, économiques, intellectuelles ou religieuses. Nous ne voulons pas laisser les marchands s’emparer du champ artistique à des fins spéculatives et idéologiques.
(…)
Notre parole commune témoigne du désir partagé de remettre la question de l’humanité et du sensible au cœur du débat politique afin que la culture devienne [ENFIN] un des enjeux majeurs et vitaux de la citoyenneté à venir. »

Cet extrait de l’Appel de Nantes signé en janvier 2016 par 20 associations et réseaux du spectacle vivant, reste terriblement d’actualité. Plus de trois ans après sa publication, nous faisons le constat amer que la prise en compte des arts et de la culture dans les politiques publiques n’a non seulement pas évolué mais qu’elle a reculé.

La tentation de l’événementiel, du marketing, de la communication, d’appels à projets se répand avec, comme objectif affiché, la visibilité tapante immédiate pour une attractivité territoriale de façade.
Pour ce genre d’évènements éphémères, les enveloppes financières sont en très forte augmentation, parfois au bénéfice d’entreprises privées mercantiles. On nous promet que les moyens alloués ne sont pas pris sur les budgets pour la culture, mais ne viennent-ils pas grever les budgets de nos collectivités territoriales déjà contraints ?

Au plan national, l’emploi dans notre secteur a subi de nombreuses attaques ces derniers mois. Après la suppression des emplois-aidés, la réforme de la formation professionnelle et une mise en place laborieuse du FONPEPS, aujourd’hui, l’assurance chômage des travailleurs intermittents du spectacle est menacée ainsi que l’usage de contrats de courte durée.
C’est une menace directe contre la richesse et la variété de nos propositions. Et c’est une nouvelle fois la preuve d’une méconnaissance inquiétante de nos métiers et de leurs spécificités.
Et que dire de l’absence de statut pour les auteurs, plasticiens, vidéastes, photographes, etc.

Par ailleurs, nous notons ces dernières années, que des structures de diffusion ont été mises à mal par leur collectivité de tutelle, notamment en termes de liberté de programmation.
De nombreuses villes ou regroupements de communes entravent l’action des programmateurs pour transformer leurs lieux soit en espace de pur divertissement, soit en salle de location dans une recherche immédiate de rentabilité financière.
Or les ambitions et la cohérence des choix de programmation, la qualité de l’accueil des artistes comme des publics s’avèrent pour nous essentielles et prioritaires.

Les programmes électoraux peinent à porter des projets ambitieux et innovants pour la culture. Les annonces politiques regorgent de promesses d’émancipation des populations, d’irrigation des territoires, de co-construction et d’égalité d’accès à la culture.
Mais le fond fait défaut.
Or les inégalités et les tensions sociales ne se résorberont pas si les inégalités culturelles perdurent.

Pour être vivante une politique culturelle nécessite des moyens financiers mais aussi et surtout une vision, des choix et une volonté sans faille. Ce qui vous semble peu visible aujourd’hui, l’est à long terme dans une société  alors plus humaine et plus ouverte aux autres.

Au sein de nos établissements artistiques, de nos compagnies et à travers nos créations, n’oubliez pas que les artistes et l’ensemble des personnels administratifs et techniques permanents et intermittents, travaillent quotidiennement au contact de la population. Nous participons ainsi à la réalisation d’un véritable projet artistique et culturel de territoire chargé des valeurs républicaines émancipatrices qui nous portent tous.

Nous cherchons en permanence à renouveler nos pratiques professionnelles, à innover parfois avec audace, tant au service de la création, que de l’éducation artistique et culturelle ; nous travaillons dans un esprit de solidarité et de complémentarité. Nous n’avons peut-être pas de réponse toute faite à toutes les questions qui nous interpellent aujourd’hui, mais nous cherchons sans relâche à optimiser les moyens qui nous sont confiés au service de l’intérêt général et de la diversité.

Alors pourquoi ne pas chercher avec nous à pérenniser, à renforcer, à développer sincèrement des politiques ambitieuses en faveur des arts et de la culture au service de tous ?

Nous, Intersyndicale des Employeurs du Spectacle Vivant Public de la Région Centre Val de Loire, rejoints dans cette lettre ouverte par les fédérations, associations, artistes, syndicats de salariés et citoyens, vous enjoignons à ne pas céder pas à la facilité. Et à replacer l’art et la culture dans vos choix et dans vos actes.